Chère femme, tes éloges surpassent mon entendement. Intelligente et belle, ta présence ne laisse pas indifférente. Tel un nourrisson affolé par l’absence du sein, ton absence inquiète la famille.
Chère femme, dans ta tour d’ivoire, tu es convoitée. Une perle d’une beauté rare renfermée dans un moule. Une foule qui te désire, mais un seul la déprime. Fragile à ses yeux, aucun mot ne trouve sens à l’expliquer.
Des mots forts et puissants qu’elle clame à l’extérieur pour marquer son territoire.
Chère femme, tu supportes au delà de tes épaules et tes reins te font souffrir à chaque déplacement. Ton dos se courbe quand le poids des coutumes et des traditions t’assaille.
Chère femme, tant valorisée à une époque, les idées préconçues et reçues t’accablent et te relèguent à une place vide aujourd’hui.
Chère femme, ton identité se confond, où si je peux le dire, disparaît dans l’ombre d’une autorité. Autorité, qui autorise le néant dans ta vie, sans un moindre remord et avec insouciance. Le reflet de ses sentiments, elle lui impose une progéniture multiple, sollicite une compréhension et un mutisme total.
Chère femme, humiliation et acceptation sont tes cachets quotidiens. Oui, sans une moindre qualification en période de disette, tu fais la manche aux bords des feux tricolores pour ramener un bout de pain à la maison.
Chère femme, tes enfants et toi mangent, se reposent aux bords des voies en espérant avoir une pièce ou un billet d’un bon samaritain.
Chère femme, ton corps attise la libido de certains regards, car l’odeur de ta faiblesse attire.
Chère femme, ton cri silencieux me pèse sur le coeur. Derrière cette image de femme forte, tes yeux trahissent la douleur de ton âme.
Chère femme, on te qualifie t’aide. Mais jusqu’à quand cette aide persistera-t-elle ? Tout ce poids est vu et vécu avec tes enfants.
Chère femme, qui es-tu ? Celle que l’on interpelle dans une salle pour prendre une parole que tu ne veux pas… Celle à qui on rappelle que la maison est vide en ton absence… Celle qui n’émerge de l’eau qu’après la dernière insulte… Celle qui est sensée inculquer une éducation digne d’Harvard, alors qu’elle ignore sa valeur dans les yeux de ses semblables… Celle qui est née pour être l’épouse, la mère, la grand-mère d’une génération qui brime ses droits et lui rappelle ses devoirs.
Chère femme, des fois mes larmes coulent pour toi quand je me rends compte que la grande dévalorisation provient des femmes. Oui chère femme, je défends ta cause, mais tu es la première à rabaisser la jeune fille.
Enseignes à cette jeune fille à être forte, en lui épargnant ta propre souffrance. Montres à cette jeune fille le chemin à emprunter, mais ne soit pas un frein à son épanouissement.
Apprends à cette jeune fille à rêver plus grand et demain, elle sera une femme de vision.
Conseilles à cette jeune fille d’étudier, car une personne instruite et éduquée ne fait pas fuir le mariage. Tout le monde a besoin d’une personne sage et intelligente pour finir ses vieux jours.
Valorises cette jeune fille pour qu’elle sache que son corps n’est pas une source de revenus ou un outil pour garder un partenaire de vie. Même la polygamie n’empêche d’aller voir au-delà de l’union déjà scellée.
Incarnes cette lumière attirante jusqu’à son ascension chère femme, car rien est neuf sous ce vieux soleil.